samedi, novembre 11, 2006

Et pourquoi pas ?

Depuis ma tendre enfance, je suis en admiration devant les personnes que je vois marcher en béquilles (plus particulièrement les cannes anglaises). D'où me vient cette admiration ? Difficile de l'expliquer avec précision mais pourtant je sais que cela est avant tout une question de sensibilité.

Comme je le décrivais dans un précédent récit, j'adule avant tout la fragilité qui est conférée par le plâtre, c'est ce qui touche de prime abord ma sensibilité. En voyant un superbe plâtre lisse et blanc et de jolis orteils dénudés au bout de ce plâtre, je parviens à en déduire immédiatement si cette personne est dotée ou non de sensibilité, de force et fragilité, de sensualité.

C'est donc tout d'abord un attrait psychologique, plus que physique. Le plâtre constitue certes un atout esthétique mais je ne m'arrête pas à cette simple contemplation, je ressens le besoin de deviner la personnalité de cette personne. Intuitive et altruiste, cet indice constitue une piste très rapide et sans faille pour profiler une personne. Une fois cette petite enquête cognitive achevée et si la personnalité de cette personne me touche, je fonds en quelques minutes et peux mourir d'envie de toucher ses petits doigts nus, de lui dévouer toute mon attention, d'être aux petits soins.


Cependant, depuis quelques années, je me surprends à rêver d'avoir une jambe plâtrée. Jusqu'ici, je n'ai fait que l'expérience d'une entorse à la cheville et d'une luxation de l'épaule (après une superbe cascade impromptue en sortant de la douche juste avant un partiel...). Aujourd’hui, si vous saviez comme je regrette d’avoir refusé la pose d’un plâtre alors qu’on me le proposait et de m’être contentée d’un stupide et affreux strapping ! Je m’en veux terriblement et je me prends parfois à rêver que j’aurais pu avoir un adorable de plâtre de marche dénudant joliment mes orteils et sur lequel, signatures dessins et mots doux auraient pu être apposés. Je regrette !!! Dire que durant trois semaines, j’aurais pu aller à la fac, plâtrée, marchant doucement en béquilles, mes adorables petits orteils dénudés !

En décembre dernier, quelques jours avant Nöel, un petit incident au travail m'a valu l'agréable port d'un aircast pendant trois semaines. Bien évidemment, le froid ne m'a pas dissuadée de laisser mon peton nu pour sortir ! C'était un pur bonheur de marcher lentement avec mes béquilles et mon pied uniquement chaussé de l'aircast au milieu de la foule affairée aux achats de Noël. Je ne vivais plus sur le même rythme que cette masse grouillante et stressée.

Si des esprits obtus et convenus analysent mes propos, ils définiront cela comme du fétichisme médical ou même diagnostiqueront l'évidence d'un syndrôme de Munchausen. Diagnostiquer c'est bien mais à vrai dire et en toute âme et conscience, je m'en fiche tant que mes affinités voire fantasmes n'ont rien de sado-masochiste, de morbide, ne constituent pas un danger pour les autres ni pour moi-même et que je garde la tête sur les épaules ainsi que toute mon intégrité !
Le récit qui va suivre résumera et illustrera ce que je pourrais ressentir si j'avais une jambe plâtrée. J'inverse donc les rôles de ma merveilleuse rencontre avec toi, Mon Ange, alors que tu avais ton adorable plâtre.

Comme chaque après-midi, depuis que ma jambe droite est plâtrée, je sors me promener et m'assois à une terrasse de café pour lire, flâner, regarder les gens autour de moi. Mon plâtre et mes jolis petits doigts nus sont l'image même de ma vulnérabilité, de ma sensibilité et me rappellent incessamment combien je suis fragile et parfois anxieuse. J'aime relever la tête de temps à autre et surprendre un regard sur moi, essayer d'interpréter la façon dont on me regarde, deviner ce qu'on pense de moi : me trouve-t-on mignonne ou moche à faire peur ? Attendrissante ou ridicule ? Quelconque mais ce joli petit plâtre de marche me donne un petit plus ? Toutes ces questions m'amusent, certains regards me font sourire tellement je les trouve réprobateurs et rêverais à certains moments d'avoir un don de télépathie.

Alors que je me replonge dans mon livre, je sens un regard posé sur moi et je t'aperçois. Ton regard est si différent de ceux qui se sont posés auparavant sur moi et ma petite jambe plâtrée ! Il est doux, rassurant, touchant… tes yeux sont rivés sur moi, mais tu parais absent, tu es totalement plongé dans tes pensées et tu ne remarques pas que je te regarde. Plus les minutes passent, plus j'ai envie de pouvoir lire tes pensées. Je n'ai plus envie de lire tant j'aime la chaleur de ton regard et en posant mon livre sur la table, je fais tomber une de mes béquilles que je ramasse aussitôt. Et quand je relève la tête, nos regards se croisent, tu me regardes fixement, tes pensées profondes semblent s'être envolées. Tu me souris, l'air un peu gêné que je t'ai surpris à me regarder. Je te rends un très joli sourire puis tu reprends ton livre et tentes de te concentrer dessus.

Un peu déçue, je tente moi aussi de me replonger dans ma lecture mais je ne cesse de penser à ton regard qui m'a à la fois intriguée et touchée, si bien qu'au bout de quelques secondes, je ne peux m'empêcher de relever la tête. A ma grande satisfaction, tu me regardes de nouveau. J'aime ton visage, les diverses expressions qui s'en dégagent, ta force et ta tendresse. J'aime notre premier contact, nos premiers regards qui se croisent, s'accrochent, se retiennent. Ces sourires discrets d'abord puis plus directs, quand s'installe enfin un certain désir de séduire.

Nous nous sourions de nouveau et contre toute attente tu te lèves, viens vers moi, me proposes de t'asseoir à ma table. J'accueille ta proposition avec joie tout en essayant de bouger ma jambe pour que tu puisses t'asseoir face à moi mais de ta voix douce, tu me dis de ne surtout pas bouger, que tu me trouves très jolie et touchante. Très émue et flattée, je te remercie de ton compliment puis nous commençons à papoter, à faire connaissance. Nous nous sentons bien ensemble, le courant passe, nous nous détendons au fur et à mesure de notre conversation et j'adore voir ton regard s'échapper de temps à autre vers mes petits orteils nus et vernis. Je me risque alors à te demander si tu trouves étrange que je les laisse nus et les exhibe de la sorte. Mais tu réponds avec une délicieuse franchise que tu les trouves mignons, tout en posant ta main chaude et douce sur eux. Ce geste m'électrise, m'emplit d'une douce torpeur qui me pousse à souhaiter tu ne la retires pas, que cet instant magique demeure à tout jamais.

Nous restons muets, nous nous regardons tendrement, je fonds littéralement devant toi tellement tu es doux, gentil, attentionné, sensible et tu m'avoues que tu es tombé sous mon charme, que tu aimes mon mélange de dureté et d'extrême sensibilité et que me voir blessée te fait encore plus fondre. Je meurs d'envie de t'embrasser, de me réfugier dans tes bras où je suis certaine que plus rien de mal ne pourrait m'arriver, de te donner toute ma tendresse et mon amour. Ta main est toujours posée sur mes petits doigts, je sens que tu la bouges doucement, caresses le dessous de mes orteils et la plante de mon pied dénudé au bout du plâtre. Doucement, tu te lèves, places ta chaise à côté de moi, manipules délicatement ma petite jambe pour la poser sur toi. Puis tu m'attires à toi, prends ma main dans la tienne et d'un même élan, nous approchons nos visages l'un de l'autre, nos lèvres se touchent, nos langues se mêlent tendrement et nous nous laissons aller à notre baiser si doux et passionné.

Nous restons enlacés un moment, nous nous avouons mutuellement que nous n'avons plus envie de nous quitter, tu m'invites à dîner. Tu me tends mes béquilles mais ne m'en donnes finalement qu'une seule et m'aides à me lever et passes ta main autour de ma taille tout en parlant comme jamais on ne m'a parlé :
"Doucement, voilà, appuie toi sur ta béquille et sur moi, ne crains rien, je ne te laisserai pas tomber... un pas après l'autre doucement, fais une pause, appuie doucement tes orteils par terre sans forcer sur ta jambe brisée... ça va? On reprend, encore une centaine de mètres et nous y sommes, appuie toi, je te tiens, tu ne crains rien".

Envahie par l'émotion, touchée par ton extrême douceur, je te réponds : "Je suis tellement bien avec toi que et j'ai envie que la centaine de mètres qu'il reste à parcourir se transforme en kilomètres afin de rester dans tes bras. Tu es merveilleux, jamais je n'ai rencontré un homme aussi adorable que toi. Je doute souvent de moi mais j'ai désormais la certitude que nous sommes faits l'un pour l'autre". Resserrant ton étreinte, tu me réponds sans attendre : "J'irais au bout du monde avec toi, en te tenant comme cela, en te parlant doucement, en sentant ton corps entre mes bras... tu m'émeus presque aux larmes tellement ta douceur, ta gentillesse, ton courage et ta fragilité me troublent". Nous nous arrêtons alors, je me blottie contre toi, nous nous embrassons de nouveau et reprenons notre chemin. Arrivés au restaurant, tu demandes une table pour deux, nous allons nous asseoir à la table que le serveur nous désigne.

Tout en me dévorant des yeux, tu tiens ma chaise et m'aides à m'asseoir, tu t'assoies face à moi et prends doucement mon plâtre entre tes mains :
"Je vais mettre ta jambe sur mes genoux... ça va? Tu es encore un peu essoufflée ? Repose toi, détend toi…. tu es bien ?
- Oui je suis bien, jamais je ne me suis sentie aussi bien de ma vie, tu es mon ange gardien, l'homme que je peux aimer follement et chérir jusqu'à mon dernier souffle, celui que j'attends depuis si longtemps"

Je sens tes mains chaudes caresser mes orteils, je reprends mon souffle tout en te fixant tendrement, le temps est comme suspendu, je commence à vivre à travers toi. Doucement, tu masses mes petits orteils, ton autre main est posée sur le plâtre, elle glisse doucement sur mes jolis doigts qui se retrouvent entre tes deux paumes douces. Sous l'effet de cette caresse, tout mon corps commence à frémir... je suis émue par ta douceur, ta tendresse et l'attention que tu me portes. Je remue doucement mes petits orteils emprisonnés par tes mains si douces, j'ôte ma tongue, pose mon pied gauche sur le tien puis caresse ta jambe sous ton pantalon avec mon pied.

Doucement, tu te penches vers mes petits doigts dénudés au bout du plâtre en les tenant toujours entre tes mains, tu les embrasses très tendrement, puis tu me dis :

"Je meurs d'envie de les lécher. Tes petits doigts de pied nus et vernis au bout du plâtre sont pour moi tels cinq hameçons que tu lances au monde pour recevoir de la tendresse, de la compréhension, de l'amour. Dès ce soir, je peux t'assurer que je vais veiller à te donner tout cela.

- Je n'ai pas uniquement besoin de recevoir, de me sentir aimée : j'ai aussi besoin de donner l'océan d'amour et la tendresse qui déborde, déferle en moi et c'est à toi que je vais tout donner, à toi que je vais totalement m'abandonner et me consacrer".